FONGICIDES CÉRÉALES Rebond significatif du marché
Le coût de la protection fongicide sur blé et orge marque une hausse d’environ 15 % par hectare en 2023, du fait de l’inflation, mais aussi de la pression précoce. Les applications augmentent nettement au T1 et au T2, et le marché enregistre une progression notable tant en hectares déployés qu’en chiffre d’affaires.
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Une pression précoce des maladies sur céréales d’hiver a entraîné en 2022-2023 un net rebond du marché fongicide céréales. La campagne est marquée par une hausse de la dépense fongicide par hectare, estimée en moyenne à + 15 % sur blé et orge. Les positions des principaux intervenants évoluent peu. BASF gagne 0,6 point sur la campagne 2022-2023 et conforte sa position avec environ 30 % de part de marché. Bayer se classe comme le deuxième acteur avec 26 % de PDM en valeur. Syngenta se situe en troisième position avec environ 19 % du marché et une progression de 1,6 %. Corteva gagne aussi du terrain grâce à l’Inatreq. Les autres intervenants restent Philagro, Phyteurop, De Sangosse, Adama…
Blé tendre : + 20 % de protection en T1
En blé tendre, la pression maladie assez intense a entraîné une augmentation des hectares déployés de 8 %, à près de 12 Mha, sur la campagne 2022-2023, ainsi qu’une augmentation du nombre de passages. Sur blé, la septoriose a exercé une pression modérée à forte selon les régions. Le fait marquant au printemps 2023 est son arrivée précoce dans le cycle de la culture. « Nous relevons dans nos essais une nuisibilité élevée sur les variétés sensibles à la septoriose, et même sur variétés plus tolérantes, nous avons également jusqu’à 17 q/ha de nuisibilité », commente Marie Aubele, chef marché grandes cultures chez De Sangosse. En conséquence, les applications au T1 ont réaugmenté en 2022, même si, comme l’an dernier, le segment T2 concentre toujours plus de la moitié des traitements. « La pression précoce des maladies a incité les agriculteurs à protéger plus qu’à l’accoutumée leurs céréales dès le T1, ce qui se traduit par + 20 % d’hectares protégés au T1 des blés, et à renouveler la protection au T2, soit + 8 % d’hectares protégés. La sécheresse qui s’est installée au moment de la floraison a en revanche réduit les hectares protégés au T3 d’environ 15 % par rapport à la campagne précédente », estime Bertille Gin, responsable marketing fongicides chez BASF.
Au T1, le soufre est toujours la solution la plus employée et reste assez stable en surface, les formulations en progression étant le Faeton de Phyteurop et le Microthiol liquide d’UPL. Sur le segment biocontrôle, le Vacciplant (laminarine) d’UPL enregistre une belle hausse de 70 %. Le Pygmalion (phosphonate), fongicide systémique de biocontrôle, marque une avancée de 7 %. « Nous avons doublé les volumes par rapport à 2022, Pygmalion est utilisé pour 60 % au T1, 40 % au T2, illustrant la souplesse produit et les différentes possibilités offertes par cette innovation », relève Marie Aubele. Une innovation est attendue au T1 en 2024 avec le « double » biocontrôle Aquicine Duo de Syngenta, alliant du phosphonate et du soufre.
Le T2 reste un pivot
Comme l’an dernier, le T2 concentre la majorité des protections sur blé (58 %). Les fongicides SDHI dominent ce segment : le Revysol de BASF, le solatenol de Syngenta et le bixafen de Bayer. « L’innovation Revysol de BASF protège près de 2 Mha de céréales, progressant de 14 % par rapport à la campagne dernière. Cela traduit bien la confiance que portent les agriculteurs à cette solution qui s’avère un vrai pilier du programme de protection », note Bertille Gin. Syngenta, avec le solatenol, devient le deuxième acteur sur le segment des SDHI, principalement par la progression de l’Elatus Era. Bayer se situe juste après avec le bixafen (Kardix, Keynote) qui a protégé 1,1 Mha de céréales, dont 550 000 ha de blé. L’Inatreq/Questar de Corteva, issu de la famille fongicide QiI, enregistre une nouvelle progression, puisqu’il double presque sa part de marché en 2023, approchant 800 000 ha traités : « Soit 18 % de PDM sur le segment T2 », selon David Pé, chef marché fongicides chez Corteva. Comme en 2022, le T3 sur blé demeure le seul segment en recul, d’environ 16 %. En fin de cycle, la fusariose quasi absente a logiquement entraîné une diminution des protections sur l’épi. La plupart des traitements sont basés sur des triazoles, prothioconazole (Prosaro) et bromuconazole seul ou associé.
La dépense progresse de 10 €/ha en orge d’hiver
En orge d’hiver, les hectares protégés au T1 ont augmenté de 8 % du fait de l’arrivée précoce de certaines maladies : l’helminthosporiose dans le sud du Bassin parisien et, plus habituel, la rouille naine sur le secteur Centre-Ouest. En toute fin de cycle, la ramulariose s’est développée dans plusieurs régions. Elle a pu exercer une pression forte, mais son incidence sur le rendement est restée limitée du fait de son développement tardif. « Les nuisibilités moyennes de 12,6 q/ha pour les orges, ajustées sur le réseau d’essais BASF, traduisent bien la présence notable d’un complexe de maladies », analyse Bertille Gin. Le coût moyen de la protection se situe à près de 60 €/ha en 2023 sur l’orge d’hiver, soit une nette progression d’environ 10 €/ha, liée, comme pour le blé tendre, à l’augmentation du nombre de traitements et à l’inflation.
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